Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
La coptide trifoliée (Coptis trifolia), communément appelée racine jaune ou savoyane, ou encore coptide du Groenland. (Photo : Wikimedia Commons)

La douceur printanière est aussi synonyme du retour des fleurs sauvages à l’Île-du-Prince-Édouard. Tussilage, trille ondulé et fleur de mai vont éclore d’ici quelques semaines et profiter aux insectes pollinisateurs. Certaines de ces plantes indigènes ont des propriétés médicinales.  

Avec l’arrivée du mois de mai, les fleurs sauvages de printemps sont sur le point d’éclore dans les forêts, bords de chemins et tourbières de l’Île-du-Prince-Édouard. 

«Si les températures sont plus douces que d’habitude ce printemps, elles pourraient sortir plus tôt», observe Christian Lacroix, biologiste à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard. 

Tout en protégeant les sols, ces fleurs créent un habitat pour les animaux et constituent une source de nourriture non négligeable. 

Le trille ondulé, le quatre-temps et la fleur de mai, avec ses clochettes très odoriférantes, seront parmi les premiers à fleurir. Les trois plantes affectionnent les sols acides et tourbeux. 

L’Acadienne Anne Gallant cite également le tussilage, que l’on peut facilement confondre avec le pissenlit. La plante, qui pousse sur des terrains instables, est «l’une des seules espèces dont les fleurs sortent avant les feuilles», détaille la cueilleuse-préleveuse. 

Le petit-prêcheur, qui doit son nom à sa ressemblance avec un prêcheur se tenant sur une chaire, va également commencer à émerger du tapis forestier. Sa racine blanche, rappelant un petit navet, était utilisée par les Premières Nations pour soulager les maux d’estomac et intestinaux. 

«Coévolution» avec les insectes 

De même, la savoyane et la salsepareille, l’un des ingrédients de la bière de racine, s’apprêtent à fleurir dans les bois et les tourbières. 

Les feuilles de la savoyane, d’un vert foncé et luisantes, rappellent celles du fraisier. Les Autochtones, dont les Micmacs, s’en servaient pour teindre le cuir, les plumes et les piquants de porc-épic. 

La plante est par ailleurs connue pour faciliter la digestion. Elle a aussi des propriétés antiscorbutique et antiseptique. Ses racines sont enfin utilisées pour lutter contre les aphtes de la bouche. 

«Toutes ces fleurs sont des espèces indigènes très communes, bien protégées. Lespromeneurs peuvent facilement les repérer quand ils se baladent», assure Christian Lacroix. 

«Chacune a une odeur, une couleur et une forme spécifiques pour attirer les insectes toujours à la recherche de pollen pour se nourrir», poursuit le scientifique qui parle de «co-évolution».

Autrement dit, les fleurs ont développé des artifices afin de renforcer leur pouvoir d’attraction sur les insectes pollinisateurs, qui disséminent leurs cellules mâles chez les plantes voisines. 

Le vent est le vecteur de pollinisation le plus simple, mais il est imparfait et imprécis. Grâce aux pollinisateurs, le pollen va beaucoup plus loin et cible précisément les fleurs.

À Millvale, Anne Gallant attend avec impatience le cœur de la saison cet été lorsque millepertuis, tilleul et lilas seront en fleurs : «C’est tellement beau, ça sent tellement bon!»

En juin, le sabot de la vierge, emblème de la province depuis 1947, fera aussi son apparition dans les boisés ombragés.  

2-trille_ondulé.jpgLe Trille ondulé (Trillium undulatum). (Photo : Wikimedia Commons)

3-Arisaema_triphyllum_Bob_Hunter_Memorial_Park.jpgLe petit-prêcheur (Arisaema triphyllum). (Photo : Wikimedia Commons)

4-tussilage.jpgLe Tussilage (Tussilago farfara) aussi appelé pas-d’âne. (Photo : Jacinthe Laforest)

5-sabot_de_la_vierge.jpgLe sabot de la Vierge (Cypripedium acaule). (Photo : Jacinthe Laforest)

6-quatre-temps.jpgLe Quatre-temps (Cornus canadensis), aussi nommé cornouiller du Canada. (Photo : Wikimedia Commons)

7-Christian_Lacroix.jpgChristian Lacroix est biologiste à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard. (Photo : Gracieuseté)

8-Anne_Gallant.jpgL’Acadienne Anne Gallant est cueilleuse-préleveuse. (Photo : Marine Ernoult)

Abonnez-vous à La Voix acadienne pour recevoir votre copie électronique ou la version papier

Société