Santé
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Vickie Plourde est professeure à l’École de psychologie de l’Université de Moncton.  (Photo : Gracieuseté)

 La santé mentale des jeunes s’est détériorée depuis la pandémie de COVID-19. La détresse psychologique s’aggrave, mais l’accès à des services d’aide demeure difficile.  

Au sortir de trois ans de pandémie de COVID-19, la santé mentale des adolescents et des jeunes adultes de l’Île-du-Prince-Édouard est éprouvée. 

Au-delà de la pandémie, de nombreuses situations anxiogènes viennent mettre à mal leur bien-être. Hausse du coût de la vie, insécurité alimentaire, crise du logement, réchauffement climatique, la liste est longue. 

«Des études révèlent une augmentation du pourcentage de jeunes avec des symptômes d’anxiété et d’humeur dépressive, confirme Vickie Plourde, professeure à l’École de psychologie de l’Université de Moncton. Il y a plus de consultations d’adolescents en milieu hospitalier pour des idées suicidaires ou des tentatives de suicide.»

«Les jeunes passent beaucoup de temps devant les écrans, encore plus depuis la pandémie, ça alimente leurs angoisses», poursuit celle qui est aussi titulaire de la Chaire de recherche interdisciplinaire sur la santé mentale des enfants et des jeunes. 

Communauté LGBTQIA+ plus fragilisée 

Face au flot continu d’informations, les jeunes se sentent impuissants et sans aucun contrôle sur le cours de leur vie, explique la chercheuse : «Il faut essayer de les comprendre, de les rassurer, leur dire que leurs craintes sont normales.»

L’adolescence est une période de transition, propice à l’apparition de troubles psychologiques. Les adolescents sont plus fragiles sur le plan émotionnel et vivent des situations de vie particulièrement marquantes. 

«Ils développent leur identité, se détachent de leur famille, se consolident comme être humain avec un réel besoin d’autonomie », détaille Vickie Plourde.

La spécialiste relève également que certains jeunes sont plus susceptibles de présenter une santé mentale fragilisée. C’est notamment le cas des personnes qui sont en situation de précarité ou qui font face à des inégalités sociales structurelles, comme les jeunes de la communauté LGBTQIA+ et les minorités racisées.

Prise en charge pluridisciplinaire

Comment aider cette jeunesse en souffrance? Vickie Plourde plaide pour la multiplication des centres de santé pluridisciplinaires dans lesquels les jeunes peuvent discuter avec des travailleurs sociaux, des infirmières, des médecins de famille, mais aussi rencontrer d’autres jeunes. 

«C’est la meilleure prise en charge, car la santé mentale ne fonctionne pas en vase clos, insiste-t-elle. Quand on ne va pas bien, on a besoin d’espaces accueillants, chaleureux, où l’on se sent bien, à l’abri pour confier ses craintes.»

Les services de santé psychologiques dans les écoles et les universités ont également un rôle très important à jouer pour détecter les troubles le plus en amont possible.

Sur le terrain, il reste néanmoins difficile d’accéder à des services de santé mentale, encore plus en français. «C’est devenu pire depuis la pandémie, les listes d’attente s’allongent partout», constate Vickie Plourde. 

La psychologue appelle les jeunes à bouger, agir, contribuer à la vie de leur communauté : «Ça fait partie des clés pour se sentir mieux et préserver son bien-être.»  

Abonnez-vous à La Voix acadienne pour recevoir votre copie électronique ou la version papier

Santé