Culture
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Megan Bergeron et sa mère, Hélène (Arsenault) Bergeron, sont engagées dans un projet de collecte et de promotion des vieux pas de danse.  Elles espèrent ainsi ramener un intérêt pour le «vieux style».  (Photo : Jacinthe Laforest)

La danse fait partie intégrante de l’identité des Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard. Depuis des siècles, la gigue et la danse carrée font partie de leur quotidien.  Le style acadien, mélange d’influences, notamment anglaises et autochtones, continue encore d’évoluer.  

«La danse me connecte à mon enfance, à la musique de mon père, c’est quelque chose de très émotionnel et presque nostalgique», confie Hélène Bergeron, gigueuse et violoneuse de la région Évangéline. 

«Ça fait partie de moi, je ne peux pas séparer la gigue de mon identité», ajoute l’Acadienne qui a commencé à danser dès l’âge de sept ans. 

La gigue est une danse de pas pratiquée en solo. Le corps demeure droit alors que les jambes et les pieds s’activent au rythme vif de la musique. Le soulier frappe ou frotte le plancher rapidement, en alternant talons, semelles et pointes de pieds.

Hélène Bergeron se souvient des grands rassemblements de famille tout en musique : ses oncles, tantes et grands-parents giguaient des heures sur les airs de violon de son père.

«La gigue était très populaire dans les années 1960. À l’école, on se montrait des pas dans la cour de récréation, on participait aussi à des concours», raconte la passionnée.

Dans les années 1970, une troupe de danseurs se crée en région Évangéline. Un chorégraphe vient du Québec, des spectacles s’organisent. 

«Un brassage de plein de cultures»

«De tout temps, la danse a été un divertissement populaire, voire le plus populaire, chez les Acadiens de l’île, renchérit l’historien Georges Arsenault. Le monde dansait pendant les noces, les rencontres familiales ou les jours gras.»

Il est néanmoins très difficile de savoir ce que les Acadiens dansaient au cours des siècles passés. Très peu de détails sont remontés jusqu’à nous. 

À leur arrivée sur l’île, les premiers colons devaient probablement pratiquer des danses en provenance directe de France. 

Mais, assez vite, selon Georges Arsenault, l’influence anglophone s’est fait sentir, surtout après la déportation et le retour des Acadiens dans la province. 

«Ils vivaient à côté d’Écossais et d’Irlandais, les styles de danse ont dû se mélanger entre les différents groupes culturels, affirme le spécialiste. La danse, c’est un brassage de plein de cultures.» 

Les Acadiens ont ainsi découvert la gigue et les step dances au contact des immigrants des îles britanniques. 

«Mais notre vieux style est unique, il est presque exactement comme celui des Irlandais, avec des influences micmaques et aussi de vieux danseurs des Appalaches», assure Hélène Bergeron, qui mène actuellement des recherches
sur le sujet avec sa fille.

Transmission au sein des familles 

L’autre danse que plébiscitent les Acadiens, c’est la danse carrée qui se pratique en quadrille, soit quatre couples formant chacun l’un des côtés d’un carré.

Inspirée de la quadrille française, elle a été apportée dans le Nouveau Monde par les colons européens. Au XXe siècle, avec l’influence américaine, un meneur, appelé caller, est apparu. Il est chargé d’annoncer la figure qui doit être effectuée par les danseurs.

Encore aujourd’hui, les styles continuent d’évoluer. «De nouveaux pas apparaissent, de nouvelles manières de danser voient le jour à mesure qu’il y a des influences de l’extérieur», observe Georges Arsenault. 

Si la gigue demeure populaire, Hélène Bergeron regrette de son côté l’absence de professeur pour l’enseigner aux plus jeunes, désireux de l’apprendre. à

Elle reste cependant confiante : «Ça continuera à se perpétuer dans les familles et les parties de cuisine. Partout où il y a du violon, il y a de la gigue.»  

danse_2.jpg

Abonnez-vous à La Voix acadienne pour recevoir votre copie électronique ou la version papier

Culture