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22 septembre 2022 Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Jérémie Buote, originaire de l’Île-du-Prince-Édouard, est étudiant à l’Université de Moncton.  (Photo : Gracieuseté)

Une nouvelle journée de grève pour le climat va avoir lieu vendredi 23 septembre sur l’ensemble de la planète, à l’appel du mouvement «Fridays for Future».  Mais à l’Île-du-Prince-Édouard, aucun rassemblement n’est annoncé.  Sentiment d’impuissance, déconnexion de l’urgence climatique, plusieurs causes expliquent ce manque de mobilisation de la jeunesse insulaire.

Le vendredi 23 septembre, les jeunes du monde entier seront de nouveau dans la rue pour le climat, lors d’une journée internationale de grève à l’appel du mouvement de Greta Thunberg, «Fridays for Future».  Mais, pour l’instant, rien n’est prévu à l’Île-du-Prince-Édouard.

«Les jeunes insulaires se sentent en sécurité dans la province, l’urgence climatique leur apparait comme quelque chose de lointain, analyse Tony Reddin, l’un des fondateurs du groupe “Fridays for Future” Climate Action à l’Î.-P.-É. 

Jusqu’alors, on a été très chanceux, on n’a jamais été confronté à des inondations ou à des sécheresses meurtrières qui nous auraient obligés à prendre conscience de la nécessité absolue d’agir.»

Pendant plusieurs années, «Fridays for Future» a organisé des manifestations chaque vendredi devant la maison du gouvernement provincial à Charlottetown.  Mais l’hiver dernier, les rassemblements se sont arrêtés.  «Ça ne valait plus le coup, plus assez de gens venaient, avec la pandémie, le mouvement s’est es-soufflé», regrette Tony Reddin. 

«On ne nous prend pas au sérieux»

Le groupe de l’Î.-P.-É., qui rassemble à peine une quinzaine de membres, ne compte actuellement aucun jeune dans ses rangs.  «Nous sommes presque tous retraités», observe Tony Reddin.  Et d’ajouter : «On aimerait que des jeunes nous rejoignent, on est prêt à s’écarter pour qu’ils prennent leur place, c’est leur avenir qui est en jeu.»

Selon Tony Reddin, des étudiants de l’Université de l’Î.-P.-É. et du Collège Holland ont ponctuellement été impliqués dans le mouvement : «Le problème, c’est qu’ils viennent souvent d’ailleurs, et ne restent pas dans la province après leurs études.»

Aux yeux de Jérémie Buote, étudiant en troisième année à l’Université de Moncton, cette démobilisation s’explique par un sentiment d’impuissance grandissant de la jeunesse.  «On a manifesté, on a fait entendre nos revendications, mais on a l’impression que rien ne change», déplore le jeune homme, originaire de l’Î.-P.-É. 

«C’est frustrant, car on ne nous prend pas au sérieux, on néglige notre voix alors qu’on est intelligent, on fait des étu-des et on est capable de comprendre les réalités politiques et scientifiques derrière le réchauffement», poursuit-il. 

Écoanxiété 

À Charlottetown, il existe également un collectif d’étudiants de l’Université de l’Î.-P.-É. consacré aux questions environnementales.  Mais sa page Facebook, qui compte 130 membres, n’est pratiquement pas active.  Et aucun rassemblement n’est annoncé le 23 septembre prochain. 

«Il faut quand même continuer à faire pression sur les gouvernements et les grosses entreprises pour qu’ils changent leurs pratiques, c’est un sujet trop important», insiste Jérémie Buote, qui confie souffrir d’écoanxiété.  «La crise climatique m’inquiète tout le temps, pour chaque action que je fais, je me demande si je vais avoir un impact négatif sur la planète».

Tony ReddinTony Reddin est l’un des fondateurs du groupe «Fridays for Future» Climate Action à l’Î.-P.-É. (Photo : Gracieuseté)

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