Actualités
26 août 2022 Par Marine Ernoult 
Isabelle Dasylva-Gill est directrice de la SAF’Île.  (Photo : J.L.)

Le mercredi 17 août, Statistique Canada a publié les données du recensement 2021.  Le poids du français baisse à l’Île-du-Prince-Édouard tandis qu’un nombre croissant de Prince-Édouardiens se déclarent bilingues.

Le bilinguisme progresse à l’Île-du-Prince-Édouard, mais la part de la population dont la première langue officielle parlée est le français diminue.  C’est ce que révèlent les données du dernier recensement dévoilées mercredi 17 août. 

Entre 2016 et 2021, la province a connu une augmentation de 8,7 % de la population se considérant comme bilingue, ce qui représente 1 545 personnes en plus.  Au total, l’île compte 19 380 personnes ayant des connaissances en anglais et en français.  Cette hausse du nombre d’individus se déclarant bilingues représente en réalité une stabilité en termes de pourcentage de la population : on passe de 12,6 % en 2016 à 12,7 % en 2021.

«C’est une bonne nouvelle, ça veut dire que l’on a de plus en plus d’alliés.  Les gens, des anglophones, des nouveaux arrivants, s’identifient aux valeurs d’un pays bilingue, adhérent de plus en plus au bilinguisme», salue Isabelle Dasylva-Gill, directrice de la Société acadienne et francophone de l’île (SAF’Île). 

Malgré la hausse du bilinguisme, la part de la population qui parle français le plus souvent à la maison est en baisse.  2 630 personnes le parlaient à la maison en 2016, contre 2 585 en 2021, soit 45 personnes en moins. 

La proportion de gens, dont la langue maternelle est le français, est également passée de 3,4 % de la population en 2016, à 3 % en 2021.  Cette baisse de 0,4 point de pourcentage représente 305 personnes de moins.

Importance des écoles francophones 

Concernant la première langue officielle parlée, qui tient compte des trois variables : connaissances, langue maternelle et langue parlée le plus souvent à la maison, le bilan pour le français est également négatif à l’île.  3,2 % de la population avait le français comme première langue officielle parlée en 2016, contre 2,9 % en 2021, soit 200 personnes de moins. 

«On a certes une réalité de familles exogames, avec un environnement majoritairement anglophone, mais la façon de comptabiliser de Statistique Canada dilue la réalité des personnes parlant le français, regrette Isabelle Dasylva-Gill.  Les jeunes générations ont tendance à se déclarer bilingues, alors qu’elles ont aussi le français pour langue maternelle, et ça n’apparait pas dans les résultats.»

Ces données sont d’autant plus préoccupantes aux yeux de la directrice de la SAF’Île, qu’elles sont utilisées par les gouvernements pour décider des investissements dans les programmes et services offerts en français.  «C’est un cercle vicieux, les nouveaux arrivants vont arriver et vont s’identifier davantage avec les serviCes offerts en anglais, on va les perdre», déplore-t-elle.

Isabelle Dasylva-Gill rappelle également l’importance des écoles francophones : «Si on n’a pas d’accès aux programmes d’éducation en français, le français sera moins accessible, et on aura moins de francophones.» À cet égard, elle attend avec impatience la publication en novembre des données concernant la scolarité et l’instruction dans la langue officielle minoritaire.  

Abonnez-vous à La Voix acadienne pour recevoir votre copie électronique ou la version papier

Actualités