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06 novembre 2019

Le 6 novembre 2019

- Par Jacinthe Laforest

 «On est qui on est pour différentes raisons», a indiqué Donald DesRoches, aujourd’hui président du Collège de l’Île.  Il affirme que la SSTA a joué un grand rôle dans la personne qu’il est devenu.  (Photos : J.L.)

 

Lors du Forum de dialogue communautaire qui a précédé sa centième assemblée générale annuelle à Rollo Bay le 26 octobre, la Société Saint-Thomas-d’Aquin (SSTA) a invité quatre personnes à partager, avec l’assistance, leurs réflexions sur le rôle que la SSTA a joué dans leur vie. 

 

À tout seigneur tout honneur, la lieutenante-gouverneure de l’Île-du-Prince-Édouard, l’Acadienne Antoinette Perry a été la première à prendre la parole. 

 

«La SSTA a toujours fait partie de ma vie d’une manière ou d’une autre.  Ma mère, Anne-Marie Perry, était très impliquée dans la SSTA.  Elle faisait du porte-à-porte pour récolter les cotisations, elle allait toujours aux réunions.  Je me souviens de la première fois que je l’ai accompagnée dans une réunion.  J’étais jeune et impressionnable.  Elle m’avait dit qu’on allait rencontrer un grand monsieur, même s’il était de courte taille.  (Elle parlait du professeur J. Henri Blanchard).  Pendant toute cette réunion, j’ai été impressionnée par sa passion et son discours.  Son cœur acadien a laissé une grande impression sur cette jeune fille-ci.  Ce n’est que plus tard cependant, que j’ai réalisé cela», a raconté Antoinette Perry. 

 

Boursière de la SSTA, elle a fait son baccalauréat en musique à l’Université de Moncton de 1972 à 1976 et elle a entrepris une carrière en enseignement, lorsque les programmes d’immersion ont fait leur entrée dans sa région natale. 

 

«En 1979, c’était le 60e anniversaire de la SSTA.  Cette année-là, ils ont créé l’Ordre du Mérite acadien et c’est ma mère, Anne-Marie Perry, qui a mérité le prix pour la première fois.  Je l’ai vue bucher toute sa vie et de la voir reconnue comme cela, c’était spécial», a confié Antoinette Perry. 

 

Alors que la dame a été marquée par le professeur J. Henri Blanchard, c’est plutôt son fils, Francis Blanchard, qui a joué un grand rôle dans la vie de Donald DesRoches, aujourd’hui président du Collège de l’Île. 

 

«On est ce que l’on est aujourd’hui pour toutes sortes de raisons.  Quand je suis arrivé à l’Île-du-Prince-Édouard, mes deux premières offres d’emplois étaient à Diagnostic Chemicals, pour être vendeur de produits pharmaceutiques, ou agent de développement pour la SSTA à Summerside.  C’est la famille de ma femme qui m’a mis en contact avec Francis Blanchard, et c’est par lui que j’ai appris à connaître la SSTA.  Si j’avais pris l’emploi de vendeur chez Diagnostic Chemicals, mon parcours aurait été fort différent», a dit Donald DesRoches. 

 

«Je ne sais pas si vous pouvez comprendre ma fierté que mon fils me dise, en français, que je suis une vedette parce qu’il a vu ma photo au Musée acadien où il a été avec sa classe durant la journée.  Si l’école n’avait pas existé, si le service de garde n’avait pas été là lorsque mes enfants étaient jeunes, si même, le Musée acadien n’avait pas existé, ce moment de fierté n’aurait pas existé», a décrit Donald DesRoches, affirmant que dans une large mesure, la SSTA a été soit à l’origine soit un levier puissant pour les démarches qui ont mené à la création de ces institutions».

 

Selon lui, la SSTA ce sont des bâtisseurs, des influenceurs, des visionnaires, des gens qui osent, qui sont ouverts et dynamiques, et qui sont tournés vers l’avenir. 

 

Aujourd’hui, Karine Gallant est la directrice adjointe du Réseau Santé Î.-P.-É.  Diplômée de l’école Évangéline, elle a été étudier la musique traditionnelle dans un collège au Québec.  «Ironiquement, c’est dans cette région, une des plus séparatistes au pays, que j’ai vécu ma seule expérience négative par rapport au français.  J’écrivais à ma mère et quand j’allais poster la lettre au bureau de poste, l’employé m’accusait de me moquer de lui parce que c’était impossible de correspondre en français avec quelqu’un de l’Île-du-Prince-Édouard».

 

La vie a ramené Karine en Acadie, d’abord au Nouveau-Brunswick puis à l’Île, à l’emploi de la SSTA comme coordonnatrice à la fois pour le regroupement des jeunes et pour le regroupement des femmes.  «Une de mes fiertés, c’est d’avoir accompagné les jeunes dans leur découverte du monde associatif et de les avoir aidés à faire la transition vers un organisme plus autonome.  Ce sont eux qui ont voulu ajouter le mot francophone à leur nom pour devenir Jeunesse acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard, parce qu’ils voyaient que des jeunes ne s’identifiaient pas comme Acadiens, mais qu’au contraire, la langue française rejoignait tout le monde.  Pour les jeunes, ce changement était naturel et curieusement, ce sont les adultes qui ont réagi à ce changement de nom», a rappelé Karine Gallant. 

 

La jeune femme voit un bel avenir pour la SSTA, peu importe quel nom elle adoptera.  «Moi, quand je suis arrivée, des progrès avaient été accomplis, et lorsque mes enfants seront prêts à jouer leur rôle, d’autres progrès auront été accomplis.  Je sais que la relève n’est pas loin derrière moi», a ajouté la jeune mère de famille.

 

Tout comme Karine, Shelaine Gallant a reçu une bourse de la Société Saint-Thomas-d’Aquin pour l’aider dans ses études en sciences infirmières à l’Université de Moncton.  «Les bourses de la SSTA m’ont beaucoup aidée.  Elles ne sont pas renouvelables, mais on peut appliquer chaque année.  J’ai été chanceuse de recevoir une bourse chaque année jusqu’à présent.  Les frais de scolarité montent en flèche.  À Moncton, on a eu une hausse de 8 % et en sciences infirmières, on a dû payer des frais supplémentaires de 500 $ en plus de la hausse.  Ma bourse a couvert seulement la hausse, mais au moins, ça l’a couvert», a insisté la jeune femme. 

 

«On pense souvent que les étudiants à l’université peuvent travailler à partir du mois de mai jusqu’au mois d’août (quatre mois) pour renflouer leurs finances, mais en sciences infirmières, la pause d’été ne dure que deux mois et souvent, les meilleurs emplois sont pris». 

 

Dans la troisième année de son baccalauréat, Shelaine a fait des stages en milieu de travail, ils lui ont fait comprendre à quel point les services en français sont cruciaux pour certains patients.  «Dans un stage, j’avais une dame atteinte de démence dans mon service et comme ça arrive souvent, elle oubliait son anglais.  On voyait à quel point ça la frustrait de ne pas être comprise, alors que quand on lui parlait en français, elle semblait tout de suite plus calme.   C’est important de continuer à vouloir augmenter les services en français dans les soins de santé», a indiqué la future infirmière. 

 

Ces quatre témoignages ont donné le ton aux discussions du reste de la journée, et ont certainement rappelé aux personnes présentes la raison d’être de leur organisme porte-parole. 

 

«La SSTA a créé l’Ordre du mérite acadien en 1979 et c’est ma mère, Anne Marie Perry, qui a été la première à le rececoir»  - Antoinette Perry, lieutenante-gouverneure de l’Î.-P.-É. 

 

Karine Gallant, directrice adjointe du Réseau Santé Î.-P.-É., se sent privilégiée de savoir naviguer dans le cercle associatif francophone de l’Île et de comprendre la valeur du travail qui se fait dans l’ombre. 

 

Shelaine Gallant, étudiante en sciences infirmières à l’Université de Moncton. Les bourses de la SSTA l’aident à joindre les deux bouts.

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