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10 février 2016
Le 10 février 2016
Le bilinguisme est en progression au Canada, mais le taux de gens pouvant soutenir des conversations dans les deux langues officielles reste assez faible.  Au cours du dernier siècle, le taux de bilinguisme est passé de 14,7 % en 1901 à 18,3 % en 2011, démontre une nouvelle étude de Statistique Canada.  L’année 1901 marque la première fois que le gouvernement fédéral a posé des questions sur les langues maternelles des Canadiens.

Même si le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue au Canada, c’est au Québec où l’on compte le plus grand nombre de gens pouvant s’exprimer en anglais et en français.  En 2011, c’était près de 45 % de la population qui était en mesure de le faire, dont 70 % des anglophones.  Lorsqu’on ne tient plus compte du Québec, le taux de bilinguisme au Canada baisse à 10,2 %, une légère chute par rapport au recensement de 2006.

Dans le reste du Canada, les minorités francophones hors Québec demeurent les champions du bilinguisme.  Près de 85 % d’entre eux affirment maîtriser la langue de Shakespeare.  Seulement 7,4 % des anglophones hors Québec peuvent soutenir une conversation en français.

Un rapport publié l’an dernier par le Commissariat aux langues officielles du Nouveau-Brunswick démontre que 71,4 % des francophones (32 % de la population) sont bilingues.  Ce chiffre s’élève à 16 % des anglophones, qui forment 65 % de la population.

De façon générale, le taux de bilinguisme a augmenté au Canada au cours des années 1960 et 1970 grâce à l’engouement pour les anglophones du Québec pour les programmes d’immersion française et à l’adoption de Charte québécoise de la langue française (loi 101).  Dans le reste du Canada, cette hausse a été moins importante, on note même un recul de la maîtrise des deux langues officielles, mais l’enthousiasme pour les programmes d’immersion et de français langue seconde se maintient.  En 2011-2012, 356 500 jeunes Canadiens de l’extérieur du Québec étaient inscrits dans un programme d’immersion française.

Certaines des données publiées par Statistique Canada préoccupent Michel Doucet, directeur de l’Observatoire international des droits linguistiques, à Moncton.

«On s’aperçoit qu’il y a une progression du bilinguisme chez les francophones hors Québec et même au Québec, mais ça semble être l’affaire de la minorité et non de la majorité», dit-il.

«Si l’on veut parler d’un pays ou d’une province bilingue, il faut que ce soit l’affaire des deux communautés linguistiques».

Loin de vouloir s’opposer à l’apprentissage d’une seconde langue, dans les milieux minoritaires, il est important de pouvoir apprendre les deux langues dans un contexte qui favorise la langue maternelle, selon Me Doucet.  L’avocat s’appuie sur des études réalisées par Rodrigue Landry, un expert de l’éducation en milieu minoritaire, sur le bilinguisme additif et soustractif.  Le premier désigne une situation où une personne apprend deux langues de façon équilibrée, le deuxième représente une situation où l’apprentissage de la deuxième langue se fait au détriment de la langue maternelle.

«C’est important d’apprendre deux langues, mais dans un contexte minoritaire, il faut le faire dans un contexte qui est favorable à la langue maternelle.  Il faut que les communautés minoritaires soient conscientes que l’apprentissage doit se faire dans un environnement qui favorise la langue minoritaire maternelle.  Quand c’est bien fait, ça peut être un atout de renforcer sa langue maternelle, tout en apprenant une deuxième langue».

- Par David Caron (Acadie Nouvelle)


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