Le 14 janvier 2015
Philippe Guidon était rassuré de constater l’appui des citoyens de la France et du monde entier à la liberté d’expression, à la suite des manifestations publiques du dimanche 11 janvier.
La France a observé le jeudi 8 janvier, un moment de silence à la mémoire des victimes de l’attentat de Charlie Hebdo survenu 24 heures auparavant. Des cloches ont retenti, les transports en commun se sont immobilisés et les enfants se sont tus. Le président français François Hollande a ordonné que les drapeaux soient placés en berne.
Des passants ont versé des larmes quand les cloches de la cathédrale Notre-Dame ont retenti. Le recteur de la mosquée de Paris a demandé aux musulmans d’observer eux aussi un moment de silence et de rendre hommage aux victimes de cette «violence exceptionnelle».
M. Hollande a de son côté demandé aux Français de faire front commun face au terrorisme et à l’intolérance. «La France (a) été frappée en son coeur même, dans sa ville capitale, dans un lieu où soufflait l’esprit de résistance», a déclaré le président.
Au Vatican, le pape François a célébré une messe à la mémoire des victimes. Il a notamment dénoncé la «cruauté humaine» dont les gens sont capables.
La police française continuait, pendant ce temps, à traquer deux frères lourdement armés qui, craint-elle, pourraient frapper de nouveau après avoir froidement exécuté 12 personnes dans les locaux du journal satirique.
Partout à travers le monde, de Berlin à Bangkok, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour une deuxième journée de suite en agitant des crayons en appui à la liberté de presse.
Les témoignages de condoléances, d’indignation et de défi se sont succédé à la suite de l’attentat meurtrier contre l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo ayant coûté la vie à 12 personnes.
Au lendemain de l’attentat, les deux suspects, les frères Chérif et Saïd Kouachi, âgés respectivement de 32 et 34 ans et connus des services de renseignement, étaient toujours en liberté.
Finalement, après trois jours de terreur, les forces policières françaises ont abattu, le vendredi 9 janvier, les deux frères soupçonnés d’avoir perpétré l’attentat contre le journal Charlie Hebdo et un autre homme, vraisemblablement lié aux deux autres assaillants, qui avait pris d’assaut une épicerie kasher à Paris.
Les deux présumés auteurs de l’attaque dans les locaux du journal satirique ont croulé sous les balles de la police, vendredi, quand ils sont sortis en tirant de l’imprimerie dans laquelle ils s’étaient barricadés avec un otage en banlieue de Paris.
Pendant ce temps, dans la capitale, l’homme qui avait pris plusieurs personnes en otages dans une épicerie kasher a lui aussi été abattu. L’assaillant a tué quatre personnes, vraisemblablement lorsqu’il est entré dans l’établissement, selon le procureur de Paris. Quinze autres otages ont été libérés après l’intervention des forces de l’ordre.
Parce que le monde est de plus en plus petit, les citoyens de l’Île-du-Prince-Édouard ont pu suivre, presque comme s’ils y étaient, les événements qui ont secoué Paris.
Philippe Guidon, qui est Belge et qui travaille au Centre Belle-Alliance, profitait de toutes ses pauses pour se tenir à jour dans les derniers développements.
«Le dessinateur qui est mort, Cabu, était connu partout en Europe. Il faisait partie d’un programme pour enfants à la télé qui était très connu, Le Club Dorothée, où il faisait des dessins en direct. Je le connais depuis que j’ai 7 ans», dit Philippe Guidon.
Même si, comme bien d’autres, il ne connaissait pas personnellement les gens décédés, ils faisaient tous partie de son patrimoine culturel, à divers degrés.
Jean Cabut, ou Cabu, 76 ans, était l’un des dessinateurs les plus célèbres de la France. Sa carrière s’est étendue sur plus de 60 ans.
Stéphane Charbonnier, 47 ans, mieux connu sous son nom de plume Charb, était le directeur du Charlie Hebdo, ainsi que son caricaturiste le plus connu. Il défendait bec et ongles son approche provocatrice.
Georges Wolinski, 80 ans, était un autre des vétérans de Charlie Hebdo. Ses dessins ont été publiés dans Hara-Kiri, Paris Match et plusieurs publications. Né en Tunisie, il était encore enfant lorsqu’il a déménagé en France. En 2005, il a été décoré de la Légion d’honneur, la plus haute récompense française.
Un autre dessinateur, Bernard Verlhac, est né en 1957 et a publié ses premiers dessins en 1980. Connu sous le nom de Tignous, il faisait partie d’un groupe d’artistes nommé Dessins pour la paix et de l’Association de la presse judiciaire, un regroupement de journalistes couvrant les tribunaux.
Gregory Urier, ancien policier à Paris, qui habite maintenant à Charlottetown, n’est pas étonné de ce qui arrive. «Ceux qui disent que ce geste était imprévisibles se cachent la face. Le niveau de violence n’a cessé d’augmenter en France et à Paris, au cours des années. Ce n’est que la suite», dit l’homme.
Selon lui, les piliers de base qui devraient soutenir la société en France et en Europe, comme la santé, la sécurité, l’économie, se sont écroulés. Cela pourrait expliquer que des gens les remplacent par d’autres piliers opportunistes.
- Par Jacinthe Laforest
D’après ASSOCIATED PRESS et La Presse canadienne