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18 janvier 2022 Par Jacinthe Laforest
«Ce n’est pas de la fausse modestie, en mon for intérieur, je crois, que seule, j’ai accompli très peu de choses. Je travaille en équipe», souligne Diane Bernier-Ouellette. (Photo : Amanda Kember)

Francopresse, en partenariat avec l’Alliance des radios communautaires du Canada (ARC du Canada) et l’ONFR+, a dévoilé, le 3 janvier, la 7e édition du palmarès des 10 personnalités influentes de la francophonie canadienne de l’année 2021.  La Prince-Édouardienne Diane Bernier-Ouellette est du nombre. 

«On ne se lève pas le matin en pensant qu’on mérite des récompenses.  Pour ma part, je suis reconnaissante aux personnes qui ont jugé que je méritais cet honneur, mais d’un autre côté, il y a tellement de gens qui sont sur mon palmarès à moi.  Ce n’est pas de la fausse modestie.  En mon for intérieur, je crois que, seule, j’ai accompli très peu de choses.  C’est en équipe que j’aime travailler.  Alors je partage cet honneur avec les équipes dont je fais partie».

Diane Bernier-Ouellette a été l’une des premières personnes à saisir et à préciser le concept de littératie et tout ce qu’il contient.  «La littératie, ce n’est pas une matière.  Ça transcende toutes les matières et les secteurs d’activités humaines.  On n’est plus à l’étape d’enseigner à nos jeunes comment et où trouver de l’information.  On est à l’étape de les aider à comprendre les tonnes d’informations qu’ils reçoivent, à aiguiser leur capacité à questionner, à synthétiser et à utiliser ces informations pour rendre le monde meilleur».

La quantité d’information produite sur la planète est phénoménale.  Elle peut bousculer nos croyances, nos valeurs, influencer nos décisions, sans même que l’on en soit pleinement conscients.  «La littératie, c’est l’ensemble des outils qui, à terme, permettent à une personne de s’exprimer clairement, de revendiquer le respect de ses droits, de comprendre que certaines situations n’ont tout simplement pas de sens».

À titre d’exemple, Diane Bernier-Ouellette cite les profits faramineux de la compagnie Amazon, sans pour autant augmenter les salaires de base de ses employés.  «Ce gars-là, il n’est pas plus intelligent qu’un autre.  Mais ça se passe parce que notre société laisse ça passer.  La seule chose qui va changer cela c’est un peuple qui lit, qui réfléchit, qui s’exprime, et qui dénonce par ses paroles et ses actions.  C’est ça la littératie.  Ce qui nous anime, moi et les autres personnes qui travaillent en littératie, c’est la croyance que l’équité sociale passe par des élèves qui sont confiants et compétents en lecture et en communication orale et écrite», affirme Diane Bernier Ouellette. 

De mots et de craie, etc. 

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, Diane Ouellette aime travailler en équipe.  Parmi ses équipes préférées, celle de «De mots et de craie».   «“De mots et de craie” c’est un regroupement pancanadien.  Nous sommes tous des bénévoles.  Nous sommes tous animés par les mêmes valeurs et les mêmes objectifs qui sont en gros de permettre aux enseignants francophones de tout le pays d’accéder aux formateurs les plus à la pointe des connaissances en littératie.  Nous faisons un congrès tous les deux ans et en alternance, un institut.  À notre plus récent congrès, en 2021, en format virtuel, plus de 25 enseignants de l’Île étaient inscrits, grâce au soutien du ministère de l’Éducation et de l’Apprentissage continu».

Depuis deux ans, Diane Ouellette fait aussi partie d’une équipe qui œuvre au Liban, dans le but d’implanter des pratiques exemplaires en littératie, en anglais, en arabe et en français.  «Je fais partie de cette dernière équipe.  J’ai été mise en contact avec ces gens à travers mon implication avec “De mots et de craie”, mais aussi, je suis moi-même une étudiante et dans une des formations que j’ai suivies, j’avais rencontré des acteurs en littératie du Liban.  Une chose a mené à une autre et j’ai accepté de travailler avec eux».

À l’intérieur de l’Île-du-Prince-Édouard, Diane Bernier-Ouellette travaille de près avec la Fédération des parents, ainsi qu’avec le réseau des mentors en littératie des écoles de la Commission scolaire de langue française.  «Ce sont elles qui font le travail sur le terrain, dans les écoles.  Mon rôle est de les appuyer, de faire des recherches pour leur permettre de mieux faire leur travail.  Dans ma carrière, j’ai travaillé avec tous les mentors en littératie de toute l’Île.  Depuis que je suis à la retraite, je travaille seulement avec les mentors de la CSLF», rappelle-t-elle.

Crucial pour la pérennité de la francophonie

Au cœur de la littératie se trouvent les sentiments de confiance et de compétence dont une personne a besoin pour prendre plaisir à s’exprimer et à lire.  «Dans notre contexte minoritaire, c’est crucial.  Si nos jeunes ne se sentent pas confiants et compétents en français, ils vont rapidement opter pour l’anglais.  La même chose pour la lecture.  L’anglais est facile, comparé au français, surtout ici à l’Île.  La langue française est très belle, c’est une grande satisfaction de la maîtriser, mais elle est difficile à apprendre et à enseigner».

Malgré sa grande passion pour l’enseignement, Diane Bernier-Ouellette a une grande priorité : sa famille.  Elle aimerait dire que l’époque où elle-même, jeune maman, devait insister pour obtenir un peu de service en français au café local est bel et bien révolue, mais un récent incident lui fait craindre que la lutte ne soit pas encore finie.  «J’étais chez Indigo.  Il y avait beaucoup de livres de Noël en anglais.  Bien poliment, je leur ai demandé de m’indiquer la section des livres de Noël en français.  Il y avait un seul livre.  Je ne pouvais pas croire qu’une grande librairie comme Indigo n’aurait pas une plus grande sélection en français, en 2021-2022, avec une communauté francophone et francophile comme la nôtre».

La grand-maman adore lire des livres à ses petits-fils, leur acheter des livres et elle a même une petite bibliothèque (à leur portée)juste pour eux dans sa maison. Ils aiment choisir les livres eux-mêmes. (Photo : famille Bernier-Ouellette)

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