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15 septembre 2021 Par Jacinthe Laforest
Isabelle Dasylva-Gill, directrice générale de la SAF’Île. (Photo : Gracieuseté)

Dans le cadre de la campagne électorale qui se poursuit jusqu’au lundi 20 septembre, les candidats des quatre principaux partis ont été conviés à des tables rondes virtuelles pour discuter des enjeux de la francophonie en situation minoritaire.  Après les quatre tables rondes, un constat s’impose : le vote francophone a peu de valeur.

Le mardi 7, le mercredi 8 et le jeudi 9, les candidats libéraux, conservateurs et néo-démocrates des quatre provinces de l’Atlantique étaient conviés à des tables rondes virtuelles pour discuter d’enjeux reliés à la francophonie en situation minoritaire.  La réponse des candidats a été décevante. 

«La communauté pourra interpréter cela comme elle veut, mais mardi, seul Bobby Morrissey d’Egmont s’est présenté pour le Parti libéral.  Mercredi, c’était au tour du Parti conservateur et le seul candidat qui a fait l’effort est Doug Currie dans Charlottetown.  Le jeudi, pour le Nouveau Parti démocratique, aucun des quatre candidats de l’Île ne s’est présenté à la table ronde atlantique», résume Isabelle Dasylva-Gill, directrice générale de la SAF’Île, l’organisme porte-parole de la francophonie prince-édouardienne. 

Le vendredi 10 septembre, c’était au tour des candidats du Parti Vert à être convoqués, dans une formule 100 % ÎPÉ.  Seuls deux candidats y ont participé : Anna Keenan pour Malpeque, et Michael MacLean pour Cardigan. 

Isabelle Dasylva-Gill est évidemment déçue de la faible participation, d’autant plus que la formule avait été pensée pour rentrer dans l’horaire serré de tous les candidats.  «C’est une campagne courte et on comprend que les candidats sont très occupés.  C’est pourquoi on a créé cette formule virtuelle, une rencontre de courte durée, tôt le matin, avant le départ pour le porte à porte et dans la langue au choix des participants.  Et tous les candidats ont été invités.  Dans les autres provinces, la participation a été bonne la première journée [Parti libéral], mais pour les deux autres rencontres atlantiques, c’était faible», avoue la directrice générale de la Société acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard. 

Ce qui pourrait passer pour une consolation quant au faible taux de participation à l’Île illustre une tendance : le vote francophone intéresse peu les candidats qui, sauf exception, ne font même pas semblant d’être intéressés par les enjeux qui affectent pourtant des électeurs de pratiquement toutes les circonscriptions au Canada Atlantique, sinon au Canada tout court. 

«S’il y a une chose qui m’est apparue clairement, depuis que je suis à la SAF’Île et que je fais du démarchage politique, c’est qu’il n’y a jamais rien d’acquis.  Nous devons sans cesse rappeler notre existence aux partis et aux candidats.  C’est beaucoup de travail invisible.  Nos membres ne réalisent pas tous, l’énergie qu’il faut déployer pour sensibiliser, éduquer, surveiller et veiller, toujours sans une garantie de résultats concrets», dit-elle.

Stratégie nationale et atlantique, adaptée au provincial

La stratégie de la francophonie canadienne durant la présente campagne électorale a été coordonnée sur trois et même quatre paliers : au national avec la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada, en Atlantique avec la Société nationale de l’Acadie, au provincial avec la SAF’Île, et au communautaire, via les membres du Réseau des développeurs et les comités régionaux des six régions. 

«Pour rester proches de nos membres, nous avons fait circuler un sondage pour saisir les préoccupations, pour valider nos messages aux candidats et pour être un vrai porte-parole», insiste Isabelle Dasylva-Gill. 

Les grands enjeux qui sont ressortis sont la fragilisation du secteur francophone : perte de vitalité des suites de la COVID-19; la pénurie de main-d’œuvre et l’impossibilité pour les organismes de retenir leurs meilleurs éléments en raison des salaires trop bas que permettent les niveaux de financement inadéquats; inefficacité des stratégies d’immigration francophone; et d’autres. 

«Nous voulons aussi que nos membres de la communauté sur le terrain soient outillés pour exprimer les besoins prioritaires de la communauté acadienne et francophone quand les politiciens arrivent chez eux.  Et surtout, nous voulons mobiliser nos membres à l’importance de s’exprimer, ne serait-ce qu’en allant voter.  C’est un geste important de notre démocratie.  Et notre vote francophone peut faire une vraie différence», réitère Isabelle Dasylva-Gill. 

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